Adama Doumbia (DG ): «  Nos ambitions pour l’OISSU »

Adama Doumbia, récemment nommé à la tête de l’Office Ivoirien du Sport Scolaire et Universitaire (OISSU) dresse un état des lieux de l’institution et dévoile ses priorités pour les années à venir. Parmi ses objectifs figurent la digitalisation des licences, l’intégration de l’e-sport dans les compétitions.

Vous avez été récemment nommé à la tête de l’OISSU. Quel est l’état des lieux au moment de prendre la direction de l’institution ?

L’état des lieux est globalement positif. Depuis 2011-2012, l’OISSU a connu un véritable regain de dynamisme. Avant cette période, nous comptions environ 17 000 licenciés. Aujourd’hui, ce nombre a grimpé à près de 90 000, ce qui témoigne d’une progression remarquable au cours des dix dernières années. De plus, le nombre de compétitions ainsi que d’établissements engagés dans nos activités est également en forte croissance. Toutefois, il reste encore des efforts à fournir pour améliorer certains indicateurs, notamment au niveau des infrastructures et des conditions de pratique.

Que comptez-vous apporter pour améliorer les choses ?

Tout d’abord, il s’agit de poursuivre et d’amplifier les actions déjà initiées. Cela inclut la continuation de l’organisation des compétitions dans les lycées, collèges et universités, ainsi que le renforcement des réformes en cours au sein de l’institution. Nous devons aussi œuvrer à la structuration du mouvement sportif scolaire et universitaire, en renforçant les associations d’établissements scolaires et les fédérations sportives.

Quelles sont ces réformes ?

Les réformes en cours portent sur la structuration du mouvement sportif scolaire et universitaire, la mise en place d’associations d’établissements scolaires et le renforcement des fédérations sportives. Un autre défi majeur reste la question des infrastructures sportives scolaires et universitaires, qui subissent une forte pression et ne permettent pas toujours de pratiquer le sport dans des conditions optimales.

L’État avait annoncé la réhabilitation des infrastructures des établissements scolaires. Où en sommes-nous ?

L’État a effectivement pris des engagements pour soutenir l’OISSU dans la réhabilitation des infrastructures où cela est nécessaire. Un programme est en cours pour remettre à niveau plusieurs installations sportives scolaires. Nous comptons poursuivre cette œuvre en y apportant quelques innovations.

Quelles seront ces innovations ?

Les innovations que nous envisageons concernent, entre autres, la digitalisation des licences. Cela permettra de mieux suivre et tracer la carrière des jeunes sportifs. Nous souhaitons également intégrer l’e-sport (les sports et jeux électroniques), un domaine qui passionne beaucoup notre jeunesse actuelle. L’idée est de collaborer avec nos partenaires du secteur de l’éducation pour intégrer ces nouvelles pratiques dans les compétitions de l’OISSU. En outre, nous prévoyons d’aménager des plateaux sportifs couverts pour permettre la pratique des sports dans des conditions optimales, même en cas d’intempéries. On pense donc mettre un accent sur les énergies renouvelables.

Pourquoi mettre l’accent sur l’énergie renouvelable ?

L’intégration des énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire, dans la construction des infrastructures sportives est essentielle. Cela permettra non seulement d’éclairer nos installations de manière durable, mais aussi de réduire l’empreinte carbone de nos infrastructures. C’est un pas vers une gestion plus écologique et responsable des installations sportives.

Quelle sera la collaboration avec les chefs d’établissements et les universités pour faciliter la pratique du sport chez les élèves et étudiants ?

Nous avons une excellente collaboration avec les chefs d’établissements, et c’est en grande partie grâce à leur soutien que nous avons pu augmenter le nombre de licenciés. Nous comptons renforcer cette coopération, notamment en intensifiant le dialogue avec les directions de la vie scolaire et tous les organismes impliqués dans les activités extrascolaires. Le sport est un facteur clé de l’éducation et du développement des jeunes. Il est essentiel de leur offrir ces opportunités pour participer aux compétitions de l’OISSU.

L’OISSU était autrefois considéré comme le vivier du sport ivoirien, mais la situation semble avoir changé. Comment envisagez-vous de redonner à l’OISSU son rôle initial ?

Il est vrai que le contexte a changé. Aujourd’hui, l’OISSU fait face à une concurrence accrue, notamment de la part des activités culturelles et des médias, qui offrent une multitude d’options de divertissement. Cependant, cela ne signifie pas que l’OISSU est en recul. Au contraire, il est nécessaire de redoubler d’efforts pour mieux communiquer et faire savoir à un public plus large que l’OISSU est toujours actif, avec des compétitions et des événements qui permettent aux jeunes de pratiquer des sports au sein de leurs écoles. Notre objectif est de reprendre la main après les compétitions inter-établissements.

Les compétitions de l’OISSU sont déjà en cours. Que comptez-vous faire pour garantir leur succès ?

Effectivement, nos compétitions ont commencé au niveau départemental, et les meilleures équipes auront la chance de participer aux finales départementales entre le 1er mars et le 25 avril prochains. Nous encourageons les élèves à se donner à fond afin d’espérer se distinguer dans leur circonscription. Des partenaires nous accompagnent dans l’organisation et la détection de talents dans diverses disciplines.

Quels moyens avez-vous pour organiser toutes ces compétitions ?

Les moyens à notre disposition ont sensiblement augmenté ces dernières années, mais ils restent encore insuffisants pour répondre à l’ensemble des besoins. Le taux de scolarisation a progressé de manière significative, et nous devons nous adapter à cette croissance. En plus des subventions allouées, nous envisageons de développer des partenariats avec le secteur privé, notamment à travers le modèle de partenariat public-privé. Nous cherchons aussi à mobiliser les entreprises dans le cadre de leur politique RSE, afin qu’elles soutiennent les actions de l’OISSU. Cela contribuera au développement du sport scolaire et à la socialisation des jeunes.

Quel sera le rôle des fédérations sportives dans cette démarche ?

Les fédérations sportives sont des partenaires indispensables de l’OISSU. Nous mettons en œuvre nos activités en fonction des disciplines sportives gérées par ces fédérations. C’est une collaboration naturelle, mais elle doit être renforcée. L’OISSU a besoin des fédérations pour promouvoir les disciplines au sein des écoles, tout comme les fédérations ont besoin de l’OISSU pour toucher le milieu scolaire et universitaire. Nous prévoyons également de redynamiser les centres d’animation et d’entraînement sportifs.

Vos prédécesseurs ont ouvert la voie de l’internationalisation de l’OISSU. Allez-vous poursuivre cette démarche ?

Absolument. Nous continuons dans cette voie et maintiendrons notre collaboration avec les institutions internationales qui gèrent le sport scolaire et universitaire. Nous participerons à toutes les compétitions internationales. Par exemple, en juillet, nous serons présents en Allemagne pour les 33es Universiades. Nous mettrons en place une équipe de suivi pour identifier les meilleurs talents ivoiriens et offrir aux jeunes la possibilité de se faire connaître sur la scène internationale, tout en poursuivant leurs études. Cela représente une opportunité de tracer leur parcours dans le sport, à l’échelle mondiale.

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