Du 14 au 15 avril 2025, la Fédération Ivoirienne de Football (FIF), en partenariat avec la FIFA, a tenu un séminaire de formation stratégique avec les dirigeants des 16 clubs de la Ligue 1. Ce séminaire a porté sur professionnalisation des clubs, la gestion moderne et la structuration des organisations
Durant deux jours, les clubs de Ligue 1 ont donc pris part à une série d’ateliers pratiques, de conférences, et de sessions de coaching intensif, encadrés par des experts locaux et internationaux. Objectif : doter les clubs d’outils concrets pour mieux gérer leurs ressources, structurer leur fonctionnement interne et formuler des plans de développement réalistes mais ambitieux.
Lors de la cérémonie de clôture, le 15 avril, Armand Gohourou, Directeur Exécutif de la FIF a mis en avant l’importance cruciale de cette initiative dans un contexte de forte concurrence continentale et internationale. « Aujourd’hui, nos clubs comprennent l’urgence de tendre vers l’international. Il faut des ambitions réalistes, construites sur les réalités propres à chaque structure », a-t-il indiqué.
Un des éléments majeurs issus de ce séminaire est l’exigence, désormais obligatoire, pour chaque club, de concevoir un plan stratégique de développement à moyen terme, aligné avec les exigences de la professionnalisation. La FIF prévoit un suivi individualisé pour chaque structure, avec des experts chargés d’accompagner les clubs dans la mise en œuvre de leurs projets. Deux projets exemplaires seront sélectionnés et présentés à l’international : à Los Angeles, en juin 2025, dans le cadre de la Coupe du monde des clubs, comme vitrines de la nouvelle dynamique ivoirienne.
Si cette première phase ne concerne que l’élite (les 16 clubs de Ligue 1), le DEX de la FIF a confirmé l’extension prochaine du programme aux divisions inférieures, souvent en proie à de grandes difficultés financières et structurelles. La volonté est claire : créer une base solide et cohérente à tous les niveaux du football ivoirien. « On ne bâtit pas un gratte-ciel sur du sable. Il faut structurer à la base, encadrer, former, professionnaliser. Ce chantier, la FIF l’a anticipé depuis 2022. Aujourd’hui, nous passons à l’action. »
La FIFA, par l’intermédiaire de Fatou Camara, Manager du bureau régional basé à Dakar a exprimé son soutien total à cette démarche. Représentant l’organisation mondiale lors du séminaire, elle a souligné la pertinence du modèle ivoirien comme exemple reproductible à l’échelle africaine. « Ce programme vise à réduire l’écart entre les clubs africains et ceux des autres continents. Il ne s’agit pas seulement de former, mais de transformer. Nous espérons voir la Côte d’Ivoire parmi les meilleurs plans soumis cette année », a-t-elle expliqué.
La participation de la FIFA dans ce processus traduit une volonté d’harmonisation des standards de gestion des clubs à l’échelle mondiale, et montre que la Côte d’Ivoire est dans le radar des grandes instances du football.
Le séminaire a également été enrichi par l’intervention de Colette Gaston Laurent, experte en structuration de clubs et ancienne formatrice au prestigieux FC Barcelone. Elle a salué le potentiel énorme de la Côte d’Ivoire, tant en termes de ressources humaines que d’opportunités économiques. « La Côte d’Ivoire regorge de talents. Le vrai défi, c’est d’organiser, structurer et valoriser ces richesses sur le plan local. Il faut sortir d’une logique artisanale et entrer dans une dynamique entrepreneuriale »
Sa présence et ses recommandations ont permis aux participants de confronter leurs réalités à des standards européens et sud-américains, tout en gardant une adaptation contextuelle aux spécificités africaines.
Autre intervention marquante : celle de Didier Otokoré, ancien international ivoirien, aujourd’hui président d’un club évoluant en troisième division. Il a rappelé l’importance des académies de formation dans le développement durable du football local : « Le football est un bon business. Chaque club devrait avoir son académie, c’est crucial pour sa pérennité. Mon propre club est en troisième division, mais nous visons la montée en Ligue 1 dans les trois prochaines années. »
Cette initiative de professionnalisation s’inscrit dans un contexte où le football africain, en général, est à un tournant. Le changement de paradigme est inévitable : il ne suffit plus d’avoir des joueurs talentueux, il faut désormais des structures compétitives, rentables et durables.
Avec ce programme de formation, la FIF trace les contours d’un modèle ivoirien du football professionnel, ancré dans le contexte local mais ouvert aux meilleures pratiques internationales. Les clubs, autrefois perçus comme de simples entités sportives, sont désormais appelés à devenir de véritables entreprises sportives, structurées, innovantes, et connectées aux enjeux sociaux et économiques du pays.