Idriss Diallo (Pdt FIF) « La VAR n’est pas là pour le spectacle mais pour garantir l’équité »

Le football ivoirien entre dans une nouvelle ère. Pour la première fois, l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) a été utilisée en Ligue 1, à l’occasion du match Mouna FC – Stade d’Abidjan. Une révolution saluée par le président de la FIF Idriss Diallo, qui revient sur les coulisses de cette avancée majeure, les défis techniques à venir et l’enjeu de crédibilité du football national.

 

La VAR a officiellement été utilisée pour la première fois en Ligue 1. Quel est votre sentiment après ce moment historique ?

C’est une immense satisfaction. Vous savez, le président Salif Bitogo en collaboration avec la Ligue Professionnelle et le président Issouf, pour la Ligue Amateur, organisent chaque week-end de nombreux matchs. Et très souvent, des polémiques surgissent autour de l’arbitrage. Depuis plus de six mois, nous travaillons d’arrache-pied pour la mise en place de la VAR. Les premiers échanges avec la FIFA et la CAF ont commencé dès le mois de novembre dernier. J’avais annoncé que les premiers tests seraient réalisés avant la fin de l’année, et par la grâce de Dieu, nous avons pu effectuer ces premiers essais ce samedi, lors du match entre le Stade d’Abidjan et Mouna FC.

Est-ce qu’elle a été utile pour cette première expérience ?

Nous avons immédiatement vu son utilité. sur une action, l’arbitre avait sifflé un penalty. Tout le monde pensait qu’il y avait faute. Mais après consultation de la VAR, la décision a été annulée car il n’y avait pas de faute. Quelques minutes plus tard, Mouna marque un but, que l’on croyait valable. La VAR est encore intervenue et le but a été invalidé. Cela montre bien que la VAR n’est pas là pour faire le spectacle, mais pour garantir plus d’équité et de justice dans le jeu. C’est un outil d’aide à la décision, qui vient renforcer la qualité de l’arbitrage. Une avancée majeure, en phase avec notre volonté de faire progresser l’ensemble de l’écosystème du football ivoirien.

Peut-on dire que l’introduction de la VAR marque une nouvelle ère pour le football ivoirien ?

Absolument. Ce 3 mai 2025 est une date historique, mais ce n’est qu’un début. Nous sommes encore dans la phase expérimentale, qui se poursuivra jusqu’à la fin de l’année. Cela nous permettra d’évaluer les aspects techniques et organisationnels, et de nous améliorer progressivement. En 2026, nous serons mieux préparés pour étendre l’utilisation de la VAR à un plus grand nombre de rencontres, notamment celles à fort enjeu. Il faut cependant rester lucide. Nous ne disposons pas encore d’assez d’équipements pour couvrir tous les matchs. C’est un projet à long terme, que nous construisons étape par étape.
Vous avez bénéficié de l’appui de la CAF pour former vos arbitres. Que mettez-vous en place pour garantir leur performance dans le temps et renforcer la crédibilité du football ivoirien ?
Cela fait pleinement partie de notre plan de développement. En début d’année, nous avons instauré un système d’arbitrage professionnel, avec dix quatuors arbitrals rémunérés chaque mois. La VAR s’inscrit dans cette même dynamique de professionnalisation. Le projet VAR est dirigé par Yéo Songuifolo, et plusieurs arbitres ont déjà été formés à l’usage de cette technologie. D’autres le seront très bientôt. C’est un processus progressif, mais je suis convaincu qu’il contribuera à rehausser leur niveau, et donc à améliorer la qualité globale du football ivoirien.

Un mot à l’endroit des acteurs du football en cette fin de saison souvent marquée par des tensions ?

Je voudrais lancer un appel à la sérénité. Nous arrivons à la dernière ligne droite du championnat, avec deux ou trois journées restantes. La tension est palpable. Certains clubs se battent pour le titre, d’autres pour éviter la relégation. Mais je tiens à rassurer tout le monde. La Ligue Professionnelle et la Commission Centrale des Arbitres travaillent d’arrache-pied pour garantir l’équité et la transparence. Je veillerai personnellement à ce que chaque club ait les mêmes chances, dans toutes les compétitions. Et vous, les professionnels de la presse, avez un rôle essentiel. Informer, éduquer, accompagner le public avec responsabilité. Nous avons besoin de vous pour faire passer les bons messages, apaiser les tensions, et construire ensemble un football ivoirien plus fort, plus crédible et plus respecté sur la scène internationale.

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