Mbaye Moustapha (Pdt JCA basket): « La JCA peut rivaliser avec n’importe quelle équipe »

En deux années à la tête de la Jeunesse Club d’Abidjan Basketball (JCA), Mbaye Mamadou Moustapha a transformé une équipe ambitieuse en véritable machine à gagner. Le doublé historique Coupe-Championnat décroché cette saison confirme le virage pris sous sa direction. Entre rigueur, vision à long terme et gestion structurée, il revient sur les clés de cette réussite et dévoile les ambitions du club, désormais tourné vers la prestigieuse Basketball Africa League (BAL)

Qui est Mbaye Moustapha ?

Je suis Mbaye Mamadou Moustapha, ingénieur en travaux publics et chef d’entreprise depuis deux ans. En parallèle de ma carrière professionnelle, j’ai choisi de me rapprocher de ma passion de toujours : le basketball. J’ai décidé de m’investir pleinement dans l’encadrement des jeunes, notamment au sein de la JCA. J’y ai d’abord occupé le poste de conseiller technique aux côtés de Moussa Diarra, alors président du club. Lorsqu’il a été élu à la tête de la Fédération de Basketball, j’ai naturellement pris le relais, avec l’ambition de poursuivre et d’amplifier le travail entamé. Depuis deux ans, j’ai l’honneur de présider la Jeunesse Club d’Abidjan Basketball.

Après seulement deux ans de gestion, vous offrez à la JCA son tout premier titre, réalisant même le doublé championnat-coupe. Quel est votre secret ?

Je ne vous le cache pas.  Notre réussite repose sur un encadrement global, à la fois mental, physique et structurel. Nous avons mis en place un véritable dispositif de soutien psychologique et de préparation mentale pour aider nos joueurs à faire face aux moments difficiles. Sur le plan physique, nous avons insisté sur la rigueur qu’exige cette discipline.

En quoi faisant ?

L’hygiène de vie, l’entraînement ciblé et la récupération ont été au cœur de notre projet. À cet effet, nos athlètes ont été inscrits dans une salle de sport spécialisée pour optimiser leur préparation. Mais au-delà de cela, nous avons œuvré à renforcer l’environnement du club en mobilisant des partenaires techniques, médicaux et financiers. Ce soutien global a permis de construire un cadre propice à la performance.

Vous évoquez l’accompagnement. À quel niveau précis cela s’est-il matérialisé ?

Nous avons accompagné l’ensemble du club, pas uniquement les joueurs. Notre démarche a été de professionnaliser toutes les structures  de la JCA. Cela s’est fait en structurant notre projet autour d’une vision claire et rigoureuse, axée sur la progression continue. Les partenaires que nous avons convaincus ont compris que même avec peu de moyens au départ, une ambition bien pensée pouvait porter ses fruits. Ils nous ont donc offert gracieusement des services, que ce soit dans le domaine médical, logistique ou en matière de communication.

Peut-on avoir une idée du montant investi dans ce projet ?

Je préfère rester discret sur les chiffres. Ce que je peux affirmer, c’est que l’investissement a été important, tant en numéraire qu’en nature. Ce n’est pas un projet que nous avons porté seuls, mais avec l’aide précieuse de nos partenaires, convaincus par notre vision.

Quel est le budget annuel nécessaire pour faire tourner une équipe comme la JCA ?

Pour une structure ambitieuse de haut niveau, le budget annuel oscille entre 40 et 50 millions de FCFA. Ce montant couvre les soins médicaux, les déplacements, les équipements, la location d’infrastructures, la communication, les produits dérivés, le soutien aux supporters, et plus globalement, toute la logistique autour du club. Bien sûr, cela varie selon la gestion interne de chaque club.

Votre ambition ne s’arrête pas aux trophées… Quelle est votre vision à long terme pour la JCA ?

Gagner des titres est une étape, pas une finalité. Notre vision est d’élever le basketball ivoirien, en dotant les clubs, à commencer par la JCA, d’une structure professionnelle, durable et compétitive. L’équipe nationale a déjà hissé haut les couleurs du pays sur la scène internationale. Il est temps que nos clubs en fassent autant. Notre ambition à court terme est claire : participer à la BAL (Basketball Africa League) et y faire bonne figure. Cela passe par un socle solide et des joueurs bien préparés  pour performer sur le continent.

L’ABC a longtemps dominé le basket ivoirien. Peut-on dire que c’est désormais le temps de la JCA ?

Aucun règne n’est éternel. Cette année, la JCA a su tirer son épingle du jeu. Nous avons eu les meilleurs joueurs et le meilleur entraîneur de la saison, certains venant d’ailleurs de l’ABC, que je tiens à remercier pour cette belle transmission. Mais ce qui a surtout fait notre force, c’est l’état d’esprit collectif instauré par notre coach, et le leadership exemplaire de notre capitaine, Momo Kra Ulrich. Aujourd’hui, la JCA est prête à rivaliser avec les meilleures équipes, tant sur le plan national qu’à l’échelle africaine.

La BAL vous attend. Quelles sont les mesures envisagées pour être compétitifs dans cette compétition d’envergure ?

La qualification pour la BAL est une étape majeure de notre projet. Ce n’est pas un objectif.  Mais une ambition longuement préparée. Pour briller, nous devons maintenir notre rigueur et améliorer notre niveau de préparation. Nous allons donc évaluer, avec le staff et le comité directeur, s’il est nécessaire de renforcer l’effectif ou l’encadrement technique.

Quel est votre regard sur le basketball ivoirien aujourd’hui ?

Le championnat a franchi un cap important cette saison. On a eu  près de sept mois de compétition contre quatre l’an dernier. La Fédération a su assurer une programmation cohérente, avec une organisation maîtrisée et sans incident majeur. Sur le plan du jeu, le niveau est élevé, avec un brassage enrichissant entre talents locaux et étrangers. Je pense notamment à notre meneur Maxime Chamba, qui a inspiré des jeunes comme Lacina, auteur d’une finale exceptionnelle. Cela prouve que notre championnat permet une belle transmission de compétences.

La JCA peut-elle être un bon ambassadeur du basketball ivoirien à la BAL ?

Absolument. Nous avons les valeurs, la structure et l’ambition pour représenter fièrement la Côte d’Ivoire. La rigueur et la stratégie qui nous ont permis de remporter le doublé seront maintenues. Nous ne participons pas pour figurer, mais pour exister.

Votre objectif est donc de remporter la BAL ?

Chaque chose en son temps. Notre priorité est de participer aux phases finales, puis de viser la plus haute marche. Nous sommes confiants. Avec la même énergie, la même discipline et les bons ajustements, nous pouvons faire une très belle campagne africaine.

 Un appel aux partenaires ou aux acteurs du basketball ivoirien ?

Je veux d’abord remercier la Fédération pour la qualité de l’organisation du championnat. Un grand merci également à nos partenaires, sponsors et mécènes, qui ont cru en notre projet. Je salue le staff technique, les dirigeants et les joueurs, qui ont fait preuve d’un engagement exemplaire, ainsi que nos supporters, qui sont une véritable source de motivation. La JCA entre dans une nouvelle ère. Notre objectif est désormais clair : faire de la JCA une référence du basketball africain, et représenter dignement la Côte d’Ivoire.

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