CTNF banabana, CTNF moderne

Hip, hip, hip, hourra ! C’est fait. La FIF d’Idriss Diallo a posé la première pierre de la modernisation du Centre Technique National de Football, en acronyme « CTNF ». Et si hier, l’un de ses devanciers, en l’occurrence Jacques Bernard Anouma a eu le nez creux de le porter sur les fonts baptismaux, aujourd’hui le 13ème président de la FIF a décidé de lui faire subir un sérieux lifting. Histoire de le transformer en une sorte de Clairefontaine à l’ivoirienne. Et ce, une fois les travaux de construction et de rénovation achevés. Autrement dit, d’un centre « banabana » hier, le CTNF de Bingerville deviendra une structure d’encadrement, de formation. En un mot, un haut lieu de l’excellence pour le développement et la promotion du football ivoirien.

« Le Temple » du football français à l’image de son homologue français. De fait. Il était anormal que le CTNF n’ait pas reçu toute l’attention des précédents gestionnaires de notre football. Quitte à en faire un instrument de développement de notre football. Car, auréolé de ses deux titres continentaux, -avant le troisième en février dernier-, il n’était ni concevable, ni compréhensible que le football ivoirien ne disposât pas d’un Centre Technique National digne de ce nom. C’est-à-dire, disposant de toutes les commodités nécessaires pour le séjour de ses sélections nationales. Pour assurer la formation des jeunes et de ses cadres techniques. Pour la détection, le développement de son football. Autant dire, tout ce qui concourt à la culture d’un football d’excellence. Et que son Equipe Nationale, tout comme les autres catégories, soient obligées, comme des SDF, de squatter des espaces de jeu, par-ci par-là lors de leurs regroupements. Alors qu’un simple club de football, comme l’Asec-Mimosas a pu se construire un centre d’entraînement ultra-moderne « Sol béni ». Et, justement, paradoxe des paradoxes. C’est le camp d’entraînement des Mimos que les Eléphants squattent pour préparer leurs matches internationaux. Et ce depuis des lustres. Si ce n’est pas la honte ça. Et comble de l’ironie. L’Asec n’a pas les mêmes moyens que la FIF dont le budget de 24 milliards pour l’exercice 2025 est à des années lumières du sien. Et la FIFA ne lui a pas ouvert une ligne budgétaire dont il peut se servir à satiété pour financer ses projets. Un peu comme les Fonds FIFA FORWARD dont les 2,6 milliards permettront de de financer la modernisation du CTNF.

Dès lors, que le Saint-Esprit ait visité Yacine Idriss Diallo pour l’amener à ne pas laisser à l’abandon le CTNF de Bingerville, comme ses prédécesseurs l’ont fait, mais à en faire plutôt un Clairefontaine à l’Ivoirienne, pourquoi ne pas rendre gloire à Dieu ? Et à César ce qui appartient à Diallo ? Le football ivoirien ne peut que porter YID au panthéon de l’histoire une fois l’œuvre de construction et de rénovation terminée en mars 2026. Dès lors, on comprend mieux pourquoi il n’a pas voulu faire les choses à moitié. Ni s’entourer des seuls acteurs du football ivoirien. Il a préféré une organisation en grande pompe. De même qu’il n’a pas, non plus, fait dans la dentelle. YID s’est  plutôt taillé un costume de popularité en rassemblant autour de lui, sur le site de Bingerville, tout le bataclan politique. Et toute la nomenklatura footballistique. D’ici et d’ailleurs. Deux présidents d’Institution lui ont apporté la caution politique. Deux membres du Gouvernement dont le ministre de tutelle étaient également présents. La CAF, à travers son tout-puissant SG,Veron Mosengo-Omba, lui a apporté la caution de l’Institution. Certes, lui n’a pu effectuer le déplacement à Abidjan. Mais le président de la FIF était là sans être là. Puisque Gianni Infantino a dépêché Gelson Fernandes, son Directeur adjoint de la Division Association Membres et Directeur Régional Afrique. Mieux, il s’est exprimé en visioconférence. Et s’est dit en phase avec le projet porté par Idriss Diallo. Certains présidents de Fédérations -on parle d’une quarantaine- qui aurait également effectué le déplacement à Abidjan Vrai ou faux ? A vos boules de Crystal.

Bref, en attendant, on sait au moins une chose. Une pluie de bénédiction a arrosé Yacine Idriss Diallo. Il est sans doute le président de Fédération le plus chanceux que le football ivoirien n’a jamais eu. Cela dit, poussons la réflexion un peu plus loin. Le président de la FIF n’a pas rassemblé tout ce gotha politico-admiratif et sportif uniquement pour la pose de la première pierre. Ni pour leurs beaux yeux. Encore moins pour qu’ils viennent contempler son projet. Fin calculateur, M. Diallo n’a jamais rien fait pour rien. Il sait ce qu’il fait. Et il sait où il va. Pour sûr, à travers ladite cérémonie, il a fait d’une pierre deux coups. Il est officiellement entré en campagne. Et la pose de la première pierre du CTNF n’était qu’un bon prétexte pour envoyer un message fort au politique. Une manière voilà d’obtenir leur caution. D’autant plus qu’il n’a pas fait mystère de son ambition de candidater au Conseil de la FIFA. Ensuite, ce qui justifie la présence  de ces supposés président de Fédération à cette cérémonie. En clair, derrière cette pose de première pierre, se cachait un objectif inavoué. La précampagne pour le Conseil de la FIFA. Et si tel était vraiment le cas, alors nous sommes preneur. Car, il était temps qu’un dirigeant ivoirien frappât à la porte de COMEX de la CAF. Ou de la FIFA. Mais de là à la gagner, il n’y a qu’un pas qu’on ne peut franchir. Sans prudence. Pose de la première pierre ? Oui ? Précampagne ? Oui !

Kambiré Elie

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