Vraie DTN et non un pantin

C’est fait. La FIF a officiellement mis en mission ses nouveaux « experts techniques ». Ils auront pour mission de développer le football ivoirien. Et donner une nouvelle visibilité et lisibilité à sa politique de formation qui bat de l’aile. Aussitôt arrivé, aussitôt à la tâche. En effet, comme pour rabattre le caquet à ses éternels détracteurs et pour fermer le groin à tous ces autres oiseaux de mauvais augure adeptes de la préférence nationale, le Franco-algérien Lounes Hattab, s’est aussitôt mis à la tâche. Il n’a pas attendu de déposer sa valise qu’il a convoqué les 12 Conseillers Techniques Régionaux (CTR), ainsi que les 12 présidents de Ligue pour une séance de travail. Mais si le Franco-algérien n’a peut-être pas le pédigrée d’un Hubert Fournier, rien ne dit cependant qu’il n’a pas les rudiments nécessaires pour réussir sa mission, quoiqu’il ait été confiné dans un poste d’adjoint au Koweït où il a été déniché. Toujours est-il que Lounes Hattab n’est pas passé par quatre chemins pour dévoiler la nouvelle politique de formation qu’il entend insuffler au football ivoirien. Alléluia ! Et gloire à Dieu.

A priori, le Franco-algérien a une parfaite idée de sa mission à la tête de la DTN. Et il entend s’appuyer sur les CTR pour déployer ses actions sur le terrain. Histoire de traduire dans les faits les deux grands axes de son projet. Et s’il est vrai que le successeur de Ludovic Batelli nous a dévoilé les grands axes de sa mission à la tête de la DNT, laquelle s’articule autour des deux grands volets de son projet la « performance » et le « développement », il n’a cependant rien dit sur ce qu’il a vu et trouvé sur place. En tout cas, ni le nouveau DTN, ni son employeur, aucun des deux n’a daigné nous faire, un petit inventaire de l’existant. A fortiori un état des lieux clair, précis et complet de la situation globale du football ivoirien. C’est-à-dire, en matière d’organisation, d’encadrement, de formation et de compétitions de jeunes. En effet, un diagnostic nous aurait permis de réponde à la question suivante. Qu’est-ce qui a été fait jusque-là ? Qu’est-ce qui reste à faire ? Et puisque l’état des lieux n’a pas été fait par qui droit, autant dire que le nouveau DTN part de zéro. Un saut dans l’inconnu en quelque sorte pour recoller les morceaux éparpillés d’un football ivoirien en déliquescence au niveau de sa politique de formation. En fait, la Fédération aura beau se doter d’un DTN dont la mission se résume à la mise en œuvre de la politique sportive fédérale, en matière de structuration et de développement du football, beau mettre également tous les moyens, humains et matériels, à sa disposition pour la réussite de sa mission, tant qu’elle-même restera une Fédé de pacotille, sans aucune autorité, elle n’obtiendra aucun résultat. Ni tangible. Ni palpable.

En peu de mot, toute la stratégie qu’elle aura déployé pour développer son football, toute la politique de formation, d’encadrement des Centres de formation qu’elle aura initiée dans ce sens, bref, toute cette panoplie d’action qu’elle aura mené pour une meilleure compétitivité de son football risque de s’achever en eau de boudin. Cela dit, maintenant qu’elle a été installée, il ne lui reste plus qu’à mettre de l’ordre dans la maison. A commencer par la mise en place d’une organisation robuste dans le domaine de la formation. Il ne s’agit pas ici d’embrigader, ni d’étouffer les initiatives privées. Mais elle devra tout contrôler de près afin que rien ne se fasse dans son dos. Comme ces deux projets « C-Jeunes » et « Benfica Campus Académie ». Car, les initiatives, d’où qu’elles viennent et quels que soient les parapluies politiques dont elles se prévalent, devraient toutes se conformer à la ligne directrice de la DTN. En un mot, tout devrait être fait pour canaliser toutes les initiatives privées de sorte à ne pas retomber dans les erreurs du passé. Notamment, celles qui ont facilité la prolifération de tous ces Centres de formation qui ont aujourd’hui pignon sur rue. Mais appelons un chat, un chat.

L’un des premiers chantiers de la DTN version Lounes Hattab est de faire une immersion dans ces deux projets, « C-Jeunes » du Français, JM Guillou, l’ex-mentor de l’Académie Mimosifcom. Et « Benfica Campus Académie », porté sur les fonts baptismaux par un opérateur privé ivoirien, Diomandé Lanciné, en partenariat avec le club portugais de Benfica Lisbonne. Et en collusion avec le Ministère Délégué aux Sports ainsi que sa sous-structure sous-tutelle, l’INJS. Il serait intéressant qu’elle jette un coup d’œil sur ces deux projets, histoire, non seulement de marquer son territoire dans le domaine de la formation, mais aussi, pour envoyer un signal fort à tous ceux qui piloteraient des projets semblables. C’est-à-dire, en ignorant les canaux officiels de la DTN. Et par ricochet, la FIF.

Il lui faut bander des muscles pour mettre de l’ordre dans toutes ces écoles boutiques pompeusement baptisées centre de formation. Et plus que des paroles incantatoires, plus qu’une prophétie de foi, seuls les actes forts que la DTN aura posés lui permettront d’opérer une vraie rupture avec cette pagaille organisée. Celle dans laquelle baignait le football ivoirien dans le passé. Et le salut de cette discipline phare passe par une meilleure organisation d son système de formation. Un modèle systémique dans lequel l’implication de tous les acteurs du football ivoirien. Amateur comme pro. Pourvu cependant que cette DTN ait quelque chose dans la culotte pour faire bouger les choses. Et non une structure sans coffre. Sans autorité. Un patin en quelque sorte.
Kambiré Elie

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