Droit au but du lundi 22 septembre 2025 : Clubs dans la dèche, dépenses de prestiges

La Côte d’Ivoire se prépare à accueillir le « Trophée des championnes » le 14 mars prochain à Abidjan, au « Félicia ». La tutelle l’a accepté. La FIF l’a cautionné. Et comme raison invoquée ? La Côte d’Ivoire rêve de devenir un hub sportif majeur en Afrique. C’est tout. Pour cela, point de limite pour les dépenses de prestige. Deux questions essentielles taraudent cependant notre esprit. A quel prix s’est-elle engagée dans cette opération ? Que gagne-t-elle dans ce deal ? Violentes questions. D’autant plus que la semaine dernière, l’ONS n’était pas disposée à sortir un kopeck pour financer les clubs ivoiriens engagés en Coupes africaines. Parce qu’il n’y avait pas d’argent. Tollé général. Protestation des clubs. Résultat des courses ? L’ONS a rétropédalé. Dieu merci ! N’empêche que le refus initial de financer les 4 clubs ivoiriens engagés en Coupes africaines sonne comme une plaisanterie de mauvais goût. Une insulte au bon sens. Car, l’Etat a l’argent pour financer la finale de la Super Ligue Féminine, à hauteur de 2 milliards, selon les chiffres qui circulent sous le boisseau, mais il est incapable de trouver disons 500 millions pour ses ambassadeurs du football ? De qui se moque-t-on ? C’est inconcevable. Car, on ne peut pas utiliser le peu de ressources du football pour des dépenses de prestige comme le « Trophée des championnes ». C’est du gaspillage. Cela est inacceptable.

Or, nous savons tous que nos clubs ne vivent pas, Elles survivent. Car, plongés dans une précarité totale. Certains d’entre eux doivent débourser la somme de 100 mille F par séance sur les nouveaux stades d’entraînement. Franchement, devant tant d’injustice, il y a de quoi désespérer de l’Etat. Et de la Faîtière. Car, rien, absolument rien, ne saurait justifier de telles dépenses de prestige pendant que nos clubs sont dans la précarité. Ni la volonté d’être un hub sportif majeur en Afrique, celle d’être une vitrine inédite au football féminin africain. Mais la tutelle n’est pas à une aberration près. Ni à une absurdité près. Parce que la Côte d’Ivoire vient encore de postuler pour le « Trophée des champions » masculin. Décidément, dans ce pays, on aime le prestige. Et que ne ferait-on pas pour cela ? En tout cas, la Côte d’Ivoire est candidate au même titre que deux pays du Golfe : le Koweit et Oman, selon le quotidien sportif français « L’Equipe ». Sauf qu’il y a quelque chose de sportivement maladroit dans cette démarche. L’argent a tari. Les sources de financement se sont raréfiées. Et le football domestique est dans la dèche. En effet, si la Côte d’Ivoire doit payer 2 milliards pour la Super Ligue Dame, quel sera le coût pour la Super Coupe des Hommes ? 5, 8 ou 10 milliards ? Pourquoi pas ! Etant donné que les deux candidats d’en face sont costauds et plus lourds financièrement que notre pays. Et à côté d’eux nous sommes pauvres comme JOB.

Ce pays se comporte comme un chez de famille qui bombe la poitrine dehors, fait son petit malin, dépense sans compter, alors que dans sa propre maison, ses « rejetons » crèvent de faim. L’Etat a déjà gaspillé l’argent du contribuable dans cette affaire de « Benfica Campus Côte d’Ivoire» avec un financement de 2 milliards 375 millions FCFA sur 4 ans. La tutelle a adoubé cette Académie. La FIF l’a cautionnée. Puisque le « BCCI » a fait sa rentrée officielle en présence du ministre Adje Silas Metch. Et de Yacine Idriss Diallo. Le Calife de la FIF a même vu que cette Académie privée vit aux frais de la princesse. Sur un site étatique. A lui cédé gratuitement. C’est-à-dire qu’il ne paye rien à l’Etat. Tout se passe donc sous les yeux du pdt de la FIF lui qui est supposé être le garant de la politique de formation fédérale. Pendant que les autres structures de formation de ce pays triment pour assurer la formation de leurs talents, le BCCI, lui, vit dans le beurre.

Deux poids deux mesures. Au nez et à la barbe de la FIF. Laquelle par peur, ne voit rien, n’entend rien et ne dit rien, comme l’allégorie des trois petits babouins de la sagesse. Tenez, le tourisme s’est aussi invité dans cette foire au gaspillage. En effet, par le biais de sa structure «Sublime Côte d’Ivoire », le tourisme a sponsorisé un club de rugby français : le « Stade français Paris. » Après l’OM en football, il a signé un contrat de 3 ans avec ce club de rugby en vue de lui assurer une visibilité sur son maillot. Seulement voilà. Le ministère du tourisme n’a pas cru bon d’associer les clubs ivoiriens à cette campagne. La raison d’Etat, aurait cependant voulu qu’il ne zappât pas les clubs ivoiriens. C’est vrai,, il est libre de choisir ses partenaires. Blacklister de la sorte ses propres nationaux, plus qu’une simple erreur de casting est un crime. Parce qu’il n’a pas volé au secours de ses champions nationaux. Comme quoi, la Côte d’Ivoire enrichit l’extérieur. Pendant que son sport se meurt. Faute de financement conséquent de l’Etat. Ailleurs, au Maroc, la loi de finances 2022, a dégagé une enveloppe de 123 milliards 425 millions de FCFA milliards de F CFA au profit des 55 Fédérations sportives.

De même que grâce au Roi Mohammed VI, le football, lui, bénéficie d’un traitement spécial, avec une subvention annuelle de 4 milliards 628 millions de Frs provenant de certaines structures étatiques. Par contre ici, l’Etat n’a pas d’argent pour les clubs. Mais il en a pour les dépenses de prestige. Tel est le paradoxe ivoirien. Ou du moins des gestionnaires de notre sport. Et de notre football.

Kambiré Elie

 

Kambiré Elie

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