Comparaison n’est pas raison. C’est vrai. Il y a cependant quelque chose de sportivement gênant et dérangeant, d’observer du coin de l’œil, l’ascension fulgurante de Samuel Eto’o, au sein de la CAF, pendant que notre Didier Drogba ne pèse que dalle. Ou plutôt que notre icône nationale, est, elle, plus encline à faire la Une de la presse people. Comme si la Jet Society était son truc, son dada. Plutôt que de nourrir les mêmes ambitions que son pendant camerounais, l’ex-star ivoirienne préfère se la couler douce aux côtés des stars du show-biz. Après tout la vie est faite de choix. Quel qu’il soit. Et Eto’o n’est pas Drogba. Drogba n’est pas Eto’o non plus. N’empêche quel Ivoirien n’aurait pas aimé de voir DD faire partie des décideurs du football continental. Et même mondial. Diantre qu’est-ce qui manque à notre « Dahi Zoko » pour faire comme Eto’o ? Rien. Saut l’ambition. Et une implication sans calcul dans la gestion du football de son pays. Or, une fois l’élection qu’il n’a pu obtenir par procuration terminée, il a dit basta à la communauté nationale du football ivoirien. Il a rapidement rangé ses crampons, troqué son maillot pour enfiler le costume de la célébrité pour arpenter les soirées du show biz. Et faire la Une des journaux peoples.
Au demeurant, il est franchement regrettable et triste de voir notre icône nationale « Dahi Zoko » absent des débats sportifs du continent. Et aphone quand il s’agit de donner de la voix là où il faut et quand il le faut lors des grands fora concernant le football africain. En fait, contrairement à l’ex-attaquant vedette des Eléphants, l’emblématique buteur des Lions indomptables est lui un homme de pouvoir. Il a su le montrer sur le terrain, en dégageant un charisme et une autorité aussi bien auprès de ses coéquipiers que de l’adversaire. Et puis dès qu’il a rangé les crampons, le meilleur buteur de l’histoire de la CAN avec 18 buts a préparé discrètement son entrée dans les instances du football. Il n’a jamais compté sur quique ce soit. Ni sur Infantino. Ni sur Motsepe. Mais bien sur son talent. Sa force de frappe. Et son ambition. D’ailleurs, la CAF avait rejeté sa candidature pour « manquement à l’éthique. » Le TAS l’a remis en course. Condamné puis absous, le mari de Georgette est finalement passé haut la main lors du scrutin du 12 mars, élu par acclamation. Eto’o a du caractère. Car, s’il ne l’avait pas, il n’aurait pas tenu tête à sa tutelle. En d’autres termes, son aura, son autorité et son charisme le prédisposaient déjà à ne pas rester confiné dans un rôle de second couteau aux côtés des décideurs du football du football africain. Mais à plutôt jouer les premiers rôles. Aussi bien sur le terrain en tant que joueur et aujourd’hui comme dirigeant.
En fait, Eto’o n’est pas seulement un homme pressé. Mais il est le symbole, voire le prototype de cette nouvelle race de footballeurs africains venue bousculer l’ordre préétabli. Celui incarné par cette race d’anciens dirigeants non issus du milieu des footballeurs. En fait, dès qu’il a quitté les terrains de football, Eto’o savait déjà où il allait. Et où il voulait arriver. De même que comment atteindre cet objectif ? Il a donc dû s’appuyer sur ce triptyque pour tracer sa voie. En écartant quelques écueils par-ci par-là. Car, le joueur qu’il a été était un gagneur. En 2021 il a transformé l’essai en prenant la FECAFOOT en 2021. Et ce, 2 ans seulement après la fin de sa carrière. A 38 ans. Autrement dit, Eto’o a, lui, réussi là où son pendant DD a échoué. « The End, vers un nouveau défi », avait-il écrit sur son compte Instagram. Et les faits lui ont donné raison. Puisqu’il a gagné son pari, en intégrant la CAF. Il a même été élu par acclamation, car seul candidat de sa zone « UNIFFAC. » Bref ! Joueur de défi hier, dirigeant de défi désormais. Parce qu’il est venu apporter sa pierre à l’œuvre de transformation d’un football africain solide et fort. Et qui gagne. Eto’o est donc entré par la grande porte à la CAF. Il siège désormais dans la cours des grands décideurs du football international. Meilleur buteur de l’histoire du Cameroun avec 56 buts en 118 capes de 1997 et 2014, il est ainsi venu servir le football africain au plus haut niveau de la pyramide. Et rien ne dit que demain, il ne marchera pas dans les pas de son aîné, Issa Hayatou, en briguant la tête de la CAF. Eto’o a mouillé le maillot sur le terrain. Maintenant il va mouiller son costume dans les instances du football lors des fora sur le football. Et avec ses 4 Ballons d’or africain, le Camerounais a le tempérament, le caractère, la force de frappe, en un mot le profil, pour se frayer un chemin en vue de s’installer sur le trône de Motsepe. Parce qu’il a de la vision. Et de l’ambition.
Ce que n’a peut-être pas notre DD. Et pourtant, tout a été fait pour qu’il soit un Eto’o bis. Une normalisation a été mise en place, rien que pour lui. La FIFA lui a même déroulé le tapis rouge. Elle a obligé les clubs à retoucher les statuts pour que DD puisse bénéficier des parrainages. Et la « Drogbamania » avait enflammé la toile. Le pays pensait, respirait et ne jurait que DD. Sauf qu’à l’arrivée, la folie DD a fait pitch ! Elle s’est dégonflée comme un ballon de baudruche. Un échec cuisant. Obligeant notre « Dahi Zoko » à arpenter les salons douillets de la Jet society. Ainsi que la Une des magazines People. Comme quoi, entre Eto’o et DD, c’est le jour et la nuit. En termes d’ambition pour le football s’entend.
Kambiré Elie