Un crime n’est jamais parfait

Gros dilemme. Par quel bout attaquer cette chronique ? Par cette cabale ourdie contre la formation de l’ISCA, injustement écartée de la montée en Ligue 1 au moyen d’une décision inique et farfelue des deux organes juridictionnels de la FIF ? Ou, plutôt par l’accroissement des clubs de la Ligue 2, passant  de 24 à 28 ? Une certitude cependant. Ces deux faits ont un dénominateur commun : l’AG Extraordinaire de la FIF du 8 août dernier. Dont l’objectif, inavoué, était de sauver le soldat US Tchologo de la descente en D3 ?

Acte 1. Un crime n’est jamais parfait, l’a-t-on répété souventes fois. Et le coq n’a pas fini de chanter trois fois dès potron-minet, que la FIF a planché au cours de son AGE, sur la « Faute technique d’arbitrage ». C’est-à-dire, un mois et demi à peine que la FIF a usé de ce stratagème savamment pensé pour « casser » le club d’ISCA au profit de l’Africa Sport.

La voilà donc revenue sur le lieu de son crime. Mea-culpa ? Cinglant désaveu vis-à-vis des trois principaux comploteurs, c’est-à-dire, la Ligue Pro et les deux organes juridictionnels ? Pourquoi pas ? Dans la même veine, la réforme de son code disciplinaire n’était-elle pas une astuce en vue de dédouaner de leurs responsabilités entières dans ce complot de l’année, ses deux organes juridictionnels ? C’est possible. Quoi qu’il en soit, ce jeu de chaise musicale entre le CD et les RG ne règle rien dans le fond. Car, le vrai problème ici, réside dans l’application stricto sensu des textes. C’est-à-dire, lorsque, en 1er et 2ème ressort, ces deux organes juridictionnels auront à régler un litige similaire.

Et c’est justement parce que les deux Commissions ont failli dans l’application du droit, que le problème s’est posé. En clair, elle n’ont pas dit le droit. Leur verdict était un déni de justice. D’où cette suspicion légitime sur l’acte qu’elles ont posé, qualifié de gros scandale. Et si la FIF est revenue là-dessus de manière voilée, c’est qu’elle s’est rendue compte que ses deux commissions ont commis une vraie forfaiture. Pour tout dire, ce n’est donc pas parce qu’on aura ôté cet article 81, l’arme du crime, des R. Généraux pour l’insérer dans le Code disciplinaire, que de tels agissements ne se reproduiront plus.

Non ce n’est pas vrai. Le croire, c’est se fourrer le doigt dans l’œil. Ces décisions tronquées, iniques et absurdes ne disparaîtront que si tous les règlements des litiges se font dans la transparence. Dans l’impartialité. Et la justice. Ainsi, elles seront crédibles. Si tel est le cas, alors, le verdict sera crédible. Et si, si et seulement si, de leur position, des bras obscurs comme ceux de la Ligue Pro, du COMEX de la FIF, ne viennent tremper dans une cabale.

Seulement voilà. Personne ne peut prendre le pari avec cette FIF-là. Et lui demander de rester dans son rôle d’arbitre, d’être transparente dans ses décisions, c’est comme si on demandait au bon Dieu sa barbe. Un crime n’est jamais parfait. Et l’assassin revient toujours sur le lieu de son crime. Ces deux aphorismes illustrent donc parfaitement la volonté de la FIF : « de ne plus faire rejouer un match pour faute technique d’arbitrage. » Sauf que l’injustice a été déjà faite. Le vin étant tiré, il faudra bien boire le nectar, histoire de fêter le maintien en Ligue 2 du soldat US Tchologo. Tel était l’objectif caché de cette AGE. Mais ni niais. Ni sots. Personne n’est aussi dupe. La L2 est passée de 24 à 28 clubs pour arranger l’US Tchologo. Nous n’allons quand même pas appeler un chat une cigale. Ni un tigre. Sauf que celui pour qui l’élargissement a été fait peut être comparé à ce fauve.

Qui est fou ? Que donc l’un des membres du COMEX, Me Dirabou Hermann, ait maladroitement tenté de nous mystifier en soutenant le contraire, ne nous fera pas pour autant changer d’avis. Puisque tous les indices montrent que l’objectif inavoué de cette AGE, était de sauver le soldat de Ferké. Et par ricochet ses trois autres « frères d’armes ». Bien sûr que le Séwé de San Pedro, l’Espérance de Bouaké et Don Koff d’Attiegouakro ne pouvaient que bénéficier aussi de cette aubaine. Une sorte de bouée de sauvetage à laquelle ils ne pouvaient que s’agripper. Solidement.

Bien entendu, cet acte de sauvetage n’est pas cadeau. Le président de la FIF en tirera forcément les dividendes plus tard. Dans un futur proche. Quand viendra le scrutin à la tête de la FIF. Car, en ces temps si durs, qui osera se passer d’un parapluie politique ? Donc que le porte-voix de cette AGE arrête de nous raconter des fadaises. Ni de nous faire avaler des couleuvres. Les clubs n’ont rien proposé à la FIF. C’est Idriss Diallo himself, qui a porté ce projet d’élargissement. En sauvant le soldat Tchologo de la descente en D3, il a posé un acte de salut public dont il récoltera les dividendes dans un futur proche.

Sinon, l’élargissement de la L2 n’est pas une question de rechercher la compétitivité. Les deux cas n’ont aucun lien. En ce sens que  les deux clubs, Mouna et Zoman  montés en L1 dans une L2 à 24 équipes, la saison dernière seraient redescendus pour manque de compétitivité. De même que le Stade et le Denguelé, la saison surpassée. Or, tous ces clubs sont toujours maintenus en Ligue 1. Le contraire du Sporting et de l’Asi, non issus de la L2, mais qui viennent d’être rétrogradés. Comme quoi, la  compétitivité d’un championnat n’est pas liée à la quantité. Mais à la qualité de ses clubs. Pour le reste, le tigre a feulé. Le message est passé.

Kambiré Elie

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