Une année de champagne

«Hip, hip, hip, hourra!» C’est une certitude. Le football ivoirien a terminé l’année 2024 en beauté comme il l’a commencée. Les Awards de la CAF lui ont, en effet, permis de décrocher deux distinctions honorifiques venues s’ajouter au titre continental que les Eléphants ont acquis de haute lutte au soir du 11 février 2024 au terme de la 34ème édition de la CAN. Hip, hip, hip, hourra ! Pourquoi ne devrions-nous pas sabler à volonté le champagne, et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit, SVP du «  millésime Bauerflower de 1874 » pour célébrer les deux titres de « l’Entraîneur de l’année » décerné à Faé Emerse et celui « d’Equipe nationale de l’année » attribué aux Eléphants vainqueurs de la CAN 2023 ? Autant dire que dans la coquette ville de Marrakech, dont le Palais des Congrès a accueilli cette prestigieuse cérémonie des Awards 2024 de la CAF, le football ivoirien fut à l’honneur. Et les convives ont, de nouveau, vibré au « Coup du marteau », comme à Abidjan lors de la 34ème CAN. C’est bien pour la troisième fois que la Côte d’Ivoire remporte le prix de « L’Equipe de l’année », depuis l’instauration de ce prix en 1980 par l’hebdomadaire français « France Football » avant qu’il ne retombe dans l’escarcelle de la CAF en 2004. D’abord en 1992, après son sacre à Sénégal 92, puis en 2015 quand elle remporta le trophée en Guinée Equatoriale et, bien entendu, au lendemain de sa troisième couronne continentale. Et si le titre continental de Yéo Martial avec les Eléphants à Sénégal 92 relève aujourd’hui de la préhistoire, ce n’est pas le cas pour les deux derniers sacres continentaux obtenus par le Français Hervé Renard et l’Ivoirien Faé Emerse qui leur ont valu cette distinction respective « de Meilleur Entraîneur de l’année » depuis le lancement des Awards de la CAF en 2000. Cela dit, sauf cataclysme, en sa qualité de vainqueur de la 34ème édition de la CAN 2023, il eut été étonnant que la Côte d’Ivoire ne raflât pas le prix « d’Equipe nationale de l’année ». Ou que son sélectionneur, Faé Emerse, ne fût pas désigné « Entraîneur de l’année. » Parce qu’il a su opérer un véritable miracle en prenant une sélection nationale au bord de l’élimination pour l’installer sur le toit du continent. En tout cas, Faé a pris du galon. Il n’est plus cet apprenti-sélectionneur qu’il était hier en s’installant à la tête de la sélection. Il est à présent un sélectionneur confirmé, même si en termes de vécu, de métier et d’expérience il a encore du chemin à faire. Quoi qu’il en soit, il est  entré au panthéon de l’histoire du football ivoirien. Car, après son aîné, Yéo Martial, il est le deuxième National à avoir offert à la Côte d’Ivoire sa troisième CAN. A présent, c’est à lui de confirmer ses belles prédispositions pour se maintenir pendant longtemps au sommet de la pyramide de ce métier difficile. Mais passionnant. Bon ça c’est une autre paire de manches. Car, pour le moment, l’heure est à la fête. D’autant plus que le foot ivoirien n’a pas « tapé poto » à Marrakech. Et les échecs des autres postulants, Adingra, Karim, etc. ne sont qu’anecdotiques. Ils ne devraient donc faire de l’ombre à ces deux belles distinctions de Faé et des Eléphants. Aucune raison ne devrait dès lors nous pousser à jouer aux rabat-joie. Car, le football ivoirien a terminé 2024 en beauté comme il l’a démarré, il y a 10 mois avec la CAN. Et Dieu était là. Les divinités aussi. Les Kômians itou. Cela dit, s’il est vrai que le football ivoirien n’a pas totalement encore atteint le niveau de sa prospérité des années 90 et 2000, où ses clubs et sa sélection nationale performaient, il n’est cependant plus à des années lumières d’un retour au premier plan. C’est en cela que son succès lors de la CAN 2023 constitue un excellent levier sur lequel il devrait pouvoir s’appuyer en vue d’asseoir les bases de la compétitivité et de l’attractivité de ses compétitions domestiques. Pourvu toutefois que la Fédération soit capable d’opérer une véritable rupture avec son passé au niveau de son mode de fonctionnement. Autrement dit, qu’elle ne continue plus de faire la part belle à ses sélections nationales toutes catégories confondues, au détriment de ses clubs. Malheureusement, c’est ce qui semble se faire jusque-là. Et les résultats de nos clubs en Coupes africaines sont là pour attester cette crise de résultats à laquelle se trouve confronté le football ivoirien. Sur 4 clubs au départ, il ne reste plus que 2. Le Stade d’Abidjan en C1. Et l’Asec en C2. Dès lors, il faudra bien engager la réflexion sur le manque de compétitivité de nos compétitions domestiques. Et, pourquoi pas, ouvrir le débat autour de la mise en place d’une sorte de plan « Marshall » ou de sauvetage- peu importe ici la terminologie- en vue de restaurer une bonne santé économique de nos clubs. Et partant leur compétitivité sur la scène continentale. L’essentiel ici c’est de sauver les clubs. D’autant plus que cela fait plus de deux décennies que le fossé du déséquilibre financier ne cesse de s’agrandir entre la sélection nationale et les clubs. Plutôt que d’un palliatif, c’est d’un vrai remède de cheval dont a besoin le football ivoirien pour sa renaissance. Or, jusque-là, on a servi que du saupoudrage pour soi-disant aider les clubs à sortir de la précarité. Et non un vrai plan de restructuration. Bref ! Mais comme l’heure est à la fête, laissons de côté nos jérémiades à n’en plus finir. Et célébrons ces deux distinctions honorifiques. Et, cérise sur le gâteau, la CAF nous a attribué l’organisation de la CAN des -20 ans. Sabrons donc le champagne. Et sablons le délicieusement Bonne année à Tous. Et à toutes.

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