Sniff ! Le football ivoirien est rentré bredouille du Caire. Yacine Idriss Diallo n’a pas obtenu ce qu’il était allé chercher : UN SIEGE au Conseil de la FIFA. Il ne sera donc pas le deuxième Ivoirien à siéger dans cette instance après l’ex-président de la FIF, Jacques Anouma. Le miracle n’a donc pas eu lieu. YID a été battu. A plate couture.
Car, avec 18 petites voix, il est arrivé loin derrière le Nigérien Djibrilla Hima Hamidou dit Pelé (35 voix), arrivé 2ème ex-aequo avec le vieux briscard égyptien Hani Abou Rida. Et les deux grands perdants de ce scrutin sont, bien entendu, le Sénégalais, Augustin Senghor (13 voix) et l’Ivoirien Yacine Idriss Diallo (18 voix). Immense désillusion. En nous gardant de tirer sur l’ambulance, il nous faut cependant rechercher les causes profondes de ce gros bide. Alors question.
Le président de la FIF a-t-il fait ce qu’il fallait pour ne pas que sa tentative ne finisse en eau de boudin ? Peut-être que non. Car, la manière dont il est allé à ce scrutin, pratiquement en catimini, seul son pré-carré fidèle était au courant de ses faits et gestes, ne pouvait que conduire à cet échec. Au demeurant, si la marche semblait trop haute pour le président de la FIF, il n’a cependant rien fait, en termes de relationnelle et de lobbying, pour mieux l’escalader. Et éviter cette si grosse désillusion. Et on a beau pousser l’analyse plus loin, retourner la réflexion dans tous les sens, et même de fond en comble, on est cependant rattrapé par la vérité des chiffres. Et le constat est là. Implacable.
Contrairement aux deux candidats, Nigérien et Mauritanien, le président de la FIF ne pèse pas lourd sur la scène continentale. Seuls 18 pays sur 53 lui ont accordé leurs suffrages. Là où Pelé et Yahya ont récolté le double. Un tel désaveu est symptomatique de l’isolement du football ivoirien sur l’échiquier continental. Nonobstant ses résultats sportifs. Pour tout dire, en termes de relationnel, de lobbying et de carnet d’adresse, le président de la FIF ne pèse pas lourd. Disons qu’il ne compte que pour du beurre dans les Instances internationales. Tout le contraire d’Ahmed Yahya.
En effet, si le Mauritanien ne disposait pas de solides réseaux au sein de la CAF, il n’aurait pas réussi son passage du Comité Exécutif de la CAF au Conseil de la FIFA. Une façon de dire que tout est question d’équation personnelle. Et qu’on ne le tienne pour dit. Une élection à la CAF ou à la FIFA ou même au sein des Instances de n’importe quelle discipline sportive, ne se gagne en comptant uniquement sur le pédigrée du pays. Ni sur le background du postulant. Si tel avait été le cas, le Djibouti, la Mauritanie encore moins le Niger ne siégeraient à la FIFA. Ou à la CAF. Mais elle se gagne à partir d’un solide carnet d’adresse, d’un excellent réseau que ces candidats ont su tisser au sein de la FIFA et de la CAF, au fil des années. Ce qui leur a donc permis d’avoir la confiance des électeurs.
Autrement dit, on ne va pas à ce genre d’élection sans un minimum de relationnel. Ni disposer d’un solide réseau au sein même de ces deux Instances. C’est même le Primum movens. Et le fait de dîner à la table du Roi, c’est-à-dire avec Infantino et Motsepé n’est pas forcément un passe-droit. Ni une licence pour intégrer les Instances du football. Et c’est malheureusement ce que le candidat ivoirien a cru quand il s’est jeté à l’eau. Espérant, bien entendu, que la bouée de sauvetage viendrait des deux Institutions à qui il a confié son destin : la FIFA et la CAF. Dans cette partie de poker menteur, les deux faitières, mondiale et continentale, ont toujours fait le jeu de tout le monde en cachant leur jeu à tout le monde. De fait. Au lieu de rechercher le parapluie d’Infantino et de Motsepé pour espérer siéger au Conseil de la FIFA par procuration, comme Drogba avait voulu le faire en 2022, le président de la FIF aurait mieux fait d’aller au charbon.
C’est-à-dire de disposer d’un solide carnet d’adresse, d’un relationnel étoffé et d’un réseau efficace. Bon Dieu, qu’avons-nous fait pour que dans ce mois béni du « saoum » – mois saint par excellence- notre football soit resté à quai au Caire ? Et toujours confiné dans un rôle de second couteau qui dure depuis 2015 après la sortie de JBA de la FIFA? En outre, on savait tous que cette élection serait difficile. Parce que les règles ont changé. La répartition linguistique a été supprimée. Et n’importe qui peut candidater n’importe où. Au lieu donc de compter sur les amis Infantino et Motsepé, le président de la FIF aurait pu commencer par faire son trou dans sa zone géographique, au sein de son union zonale avant d’aller à la conquête des autres Unions zonales. C’est ce que son aîné JBA a fait en prenant d’abord l’UFOA en 2004.
Puis il a candidater entrer la FIFA. Or en snobant sa zone, l’Ivoirien ne pouvait que se retrouver avec 4 candidats de la zone Ouest. En vérité, Idriss Diallo s’est cru trop grand et trop beau trop vite. Il n’a non plus pas cru nécessaire d’associer d’autres compétences à sa campagne, selon certaines indiscrétions. Ni Jacques Anouma, ni aucun autre dirigeant emblématique. Il a même ignoré certains membres de son Comex. En un mot il a piloté son affaire tout seul. Entouré de son carré de fidèles. Se disant qu’un claquement de doigt d’ Infantino ou de Motsepé suffirait à l’installer comme Calife aux côtés des Califes. Parti en catimini au Caire, il est rentré à Abidjan discrètement. En pleine tempête. Qui sème le vent…
Kambiré Elie