Franck Kessié (capitaine des Eléphants) :  « Je ne suis pas partie en Arabie pour gagner de l’argent »

Déjà honoré par un premier ouvrage, Franck Kessié inspire à nouveau avec un second livre retraçant son parcours atypique, de Yopougon aux sommets du football international. Dans cet entretien, le milieu de terrain ivoirien revient sur ses motivations, ses ambitions encore intactes, son envie de marquer l’histoire, et son rôle de modèle pour la jeunesse. Champion d’Asie avec Al-Ahli, il évoque également les défis de la sélection nationale et son rêve de Coupe du Monde.

Après un premier ouvrage à ton honneur, voilà un deuxième livre. Qu’est-ce qui a motivé cette nouvelle publication ?

Comme on dit souvent, quand un homme marche, il laisse des traces. Ce deuxième livre, c’est avant tout la volonté de raconter un peu plus du chemin parcouru, même si je suis encore en pleine carrière. Je pense que j’ai encore beaucoup à offrir au football. C’est pourquoi on a gardé quelques pages pour la suite de l’histoire. Mais c’est surtout une grande fierté. Ça montre que les efforts fournis ne passent pas inaperçus. Il y a des gens qui prennent le temps de marquer ces instants, et ça, c’est très fort. Ce livre, c’est aussi pour inspirer les jeunes, leur montrer qu’on peut partir de rien et accomplir de grandes choses. J’en suis très honoré, et je félicite l’auteur pour ce travail.

 

 Justement, vous parlez d’inspiration. À quel niveau souhaitez-vous inspirer la jeunesse à travers ce livre ?

Je veux leur dire que l’on peut partir de zéro pour devenir un héros. Beaucoup connaissent mon parcours, certains l’ont même vécu à mes côtés, dans les débuts. Ce sont des témoins de mon évolution, et je les remercie. Ce livre s’adresse à cette jeunesse qui doute, qui hésite… Il leur dit : Croyez en vous, soyez courageux ! Je prie pour qu’un jeune de Yopougon ou de Koumassi puisse un jour se retrouver à Barcelone ou à Milan. C’est possible. Mon histoire est difficile, elle vient d’un environnement modeste et familial, mais elle prouve que rien n’est impossible.

 

Que doit-on retenir de plus essentiel dans ce livre ? Les épreuves traversées ou le succès atteint ?

On retient l’essentiel : le chemin parcouru. Les difficultés font peur, c’est vrai, et si on commence par ça, beaucoup vont abandonner. C’est pourquoi je préfère parler de l’arrivée, du résultat, pour leur montrer que c’est possible. On peut partir de rien et accomplir des choses incroyables. Le titre du livre parle de lui-même : Le parcours d’un champion. Ce n’est pas un aboutissement pour moi.

C’est-à-dire ?

Je suis encore en chemin. Je le dis en toute humilité : je n’ai pas encore disputé de Coupe du Monde avec l’équipe A. J’ai participé aux qualifications pour la Russie et le Qatar, sans succès. Mais j’ai toujours cette ambition d’aller à la prochaine, aux États-Unis, au Mexique et au Canada.

 

Quel est le trophée le plus marquant de votre carrière jusqu’ici ?

Difficile de choisir… mais je dirais que la Coupe d’Afrique des Cadets a été déterminante. C’est ce trophée qui m’a permis de décrocher mon premier club, de m’imposer dans le championnat ivoirien, de me faire connaître ici et à l’étranger.

 

Bien sûr, remporter la Coupe d’Afrique avec l’équipe nationale A a eu un immense impact. Mais les deux ne se comparent pas. Chaque étape a eu son importance.

 

 Vous revenez du Canada avec les Éléphants, mais sans victoire dans le jeu, ni but marqué. À un mois et demi des qualifications pour le Mondial 2026 contre le  Gabon, peut-on être inquiet ?

D’abord, on a bien remporté une victoire, même si c’est aux tirs au but. Le règlement du tournoi imposait un vainqueur à chaque match. On a perdu le premier, mais on a gagné le second aux tirs au but. N’oublions pas qu’on s’est aussi qualifiés contre le Sénégal de cette façon. Concernant les buts, c’est vrai, on n’a pas marqué. C’était la fin de saison, les organismes étaient fatigués. Certains comme avaient joué plus de 30 à 40 matchs. Ce n’est pas une excuse, mais c’est une réalité. Nous, joueurs, on ne se cache pas derrière ça. On va travailler davantage pour revenir plus forts. Les supporters nous attendent, et on veut être à la hauteur.

 

Vous êtes aujourd’hui l’un des joueurs les plus respectés du football ivoirien. Vous avez renversé bien des situations. Quel est votre secret ?

Merci pour ces mots. Mon secret ? C’est le travail et la persévérance. J’ai grandi en m’inspirant de grands frères qui ont tout donné, sans jamais abandonner. Eux aussi sont partis de rien, et sont devenus des modèles. Quant à la famille, oui, il y a du talent. Mais le plus important, c’est le mental. Ce livre montre un peu ce que j’ai dans la tête, ce qui me pousse à ne jamais lâcher. Ce mental, je le partage avec tous ceux qui rêvent de réussir.

 

Vous avez été champion d’Asie avec Al Ahli. Quel bilan tirez-vous de cette saison ?

 Franchement, je suis très fier. On a offert à notre club son tout premier titre en Ligue des Champions d’Asie. C’est historique ! On a formé une belle équipe avec des grands noms,  Riyad Mahrez, Mendy, Demiral, Ibanez… Et on l’a fait avec sérieux. On n’est pas venus en Arabie Saoudite juste pour les salaires. On est venus gagner, impacter. Et c’est ce qu’on a fait.

Quelles sont vos ambitions pour la suite ?

La saison prochaine, on va viser encore plus haut. Il y a le championnat, la coupe nationale, et la Supercoupe. Je suis encore sous contrat pour une saison. Après, on verra… Mais tant que je joue, je veux laisser des traces.

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