Salif Bictogo, le président de la Ligue Professionnelle de Football (LFP), revient sur le déroulement de la saison actuelle, les enjeux de fin de championnat, et les mesures prises pour garantir l’équité dans la compétition.
Après 23 journées, êtes-vous satisfait du déroulement du championnat. On note un engouement moindre cette saison…
Il est encore trop tôt pour dresser un bilan définitif, car l’évaluation de l’affluence se fait sur l’ensemble de la saison. Si certains matchs ont connu une fréquentation modeste, d’autres ont attiré un public nombreux. On remarque toutefois un intérêt grandissant pour la Ligue 2, notamment grâce à la présence de clubs historiques comme l’Africa Sports et Yamoussoukro FC, qui bénéficient du soutien de leurs supporters locaux. À l’inverse, certaines équipes récemment promues en Ligue 1 peinent encore à construire une base de supporters solide.
À l’approche des dernières journées du championnat, des dispositions sont-elles prévues pour assurer son bon déroulement ?
Absolument. Chaque saison, des mesures sont mises en place pour garantir une fin de championnat fluide et sans controverse. Actuellement, la compétition est marquée par deux enjeux majeurs : la lutte pour les places africaines en haut du tableau et la bataille pour le maintien en bas du classement. Afin d’assurer l’équité sportive, la Commission Centrale d’Arbitrage (CCA) veille au bon encadrement des arbitres et un suivi rigoureux des rencontres. De plus, nous avons décidé d’harmoniser la programmation des matchs pour que ceux impliquant des équipes en lutte pour le maintien ou les compétitions africaines se jouent simultanément. Ce qui limiterait ainsi toute suspicion d’arrangement.
Concernant l’arbitrage, comment comptez-vous garantir l’équité jusqu’à la fin de la saison ?
Un dispositif de suivi rigoureux est mis en place à travers la CCA et les autres commissions concernées. De plus, nous avons sollicité les commissions d’éthique et de discipline afin d’accélérer le traitement des litiges, comme ce fut le cas pour l’affaire Agboville-Donkhoff. L’objectif est de maintenir un championnat compétitif et impartial.
Il arrive qu’un même arbitre dirige plusieurs matchs d’une même équipe. Est-ce une simple coïncidence ?
Cela peut s’expliquer par les contraintes de programmation. Nous disposons d’un groupe restreint de 10 arbitres principaux et d’un total de 40 officiels, ce qui entraîne une rotation sur les différentes rencontres. Toutefois, si des anomalies sont signalées, nous les transmettrons à la CCA pour apporter les ajustements nécessaires.
Il y a eu des plaintes sur la programmation de certaines rencontres, notamment ASEC-Stade. Que s’est-il réellement passé ?
Il est important de préciser que la Ligue n’est pas propriétaire des infrastructures sportives et doit négocier avec l’ONS pour l’utilisation des stades. L’ASEC, engagé en compétitions africaines, souhaitait éviter d’évoluer sur une pelouse synthétique, ce qui est compréhensible. Toutefois, le stade Félix Houphouët-Boigny étant déjà réservé pour d’autres rencontres, la seule alternative sur gazon naturel était le stade de Bingerville. Le Stade d’Abidjan a d’abord sollicité une délocalisation pour des raisons financières, avant d’exprimer des inquiétudes sur la sécurité des supporters. Après discussions avec l’ONS, la rencontre a finalement été reprogrammée au stade Félix Houphouët-Boigny en soirée.
Vous aviez insisté sur le retour des clubs dans leurs villes d’origine. Où en est-on aujourd’hui ?
Cette volonté s’est largement concrétisée. Des équipes comme le Lys et le FC San Pedro évoluent à San Pedro, tandis que Bouaké FC et Korhogo jouent à domicile. Cependant, certaines villes, comme Odienné, ne disposent pas encore d’infrastructures adaptées pour accueillir des matchs de Ligue 1. Malgré ces avancées, un déséquilibre demeure, car la majorité des clubs restent concentrés à Abidjan, ce qui réduit la diversité géographique du championnat.
La saison se terminera-t-elle dans les délais prévus ?
Nous visons une clôture du championnat au 31 mai, soit un jour plus tôt que l’année précédente. Cela permettra aux clubs d’accorder une période de repos à leurs joueurs avant d’entamer la préparation de la nouvelle saison, qui dure généralement 45 jours. L’objectif est de débuter le prochain exercice le 6 août, en réinstaurant la tradition de lancer la Coupe Houphouët-Boigny à la veille de la fête nationale, afin de lui redonner tout son prestige.
Où se jouera la finale de la Coupe Nationale ?
La finale se tiendra à Bouaké, une ville qui a déjà démontré son attachement au football lors de l’édition précédente. L’engouement du public y est fort, et nous comptons sur le soutien du maire, grand amateur de sport, pour organiser un événement mémorable le 31 mai.